En 1535, suite à l'affaire du "placard contre la messe", un violent pamphlet d'inspiration protestante où il fut soupçonné d'être compromis, Clément Marot se réfugia en Italie. Il gagna Ferrare, le palais de Renée de France, la belle sœur de François Ier, devenue duchesse après son mariage avec le duc d'Este. Pour distraire son entourage, Marot écrivit son fameux blason du beau Tétin qu'il envoya aussitôt à la Cour de France pour se rappeler au bon souvenir du roi. Son épigramme eut un franc succès et fut éditée à de nombreuses reprises.

 

Le blason est un genre poétique très souple, sans règle formelle : il s'agit de célébrer, avec virtuosité, une partie du corps féminin, la beauté du détail laissant deviner la beauté du tout. Sans véritablement lancer un "concours", Marot suscita une vague d'imitations. Il reçut à Ferrare plusieurs blasons de divers poètes français, dont deux de Maurice Scève : la Larme et le Sourcil. Marot soumit tous ces blasons à la duchesse Renée qui choisit comme le meilleur le blason du Sourcil. Ce fut le véritable début de la renommée de Maurice Scève.

 

En mettant côte à côte les deux blasons, celui du Beau Tétin et celui du Sourcil, on pourra apprécier la différence de style et d'inspiration des deux poètes.